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Invité par le calife du Kanem

1988, aéroport de Mao, au Tchad, à quelques dizaine de kilomètres au nord du lac. Aéroport est un bien grand mot pour une simple piste de terre, détrempée en ce début de saison des pluies, et seulement gardée par quelques militaires qui sont venus nous accueillir. Avec quelques collègues, je viens d’arriver à bord d’un vieux DC3 de la Société BOMAS que nous avons contracté en France. La BOMAS doit nous appuyer logistiquement pour la réalisation d’essais d’un nouvel insecticide de la catégorie des inhibiteurs de croissance, le téflubenzuron. Ces militaires qui gardent la piste par 45°C à l’ombre le jour et se font manger par les moustiques la nuit, sont trop heureux d’avoir un peu de distraction. La photo n’a pas été trop difficile à prendre.

Accueil par des soldats tchadiens à l’aéroport de Mao.

Depuis plusieurs mois, suite au démarrage d’une invasion de criquets pèlerin, nous avons des contrats avec diverses firmes pour procéder à des essais de nouvelles molécules destinées à remplacer les organochlorés, et en particulier la dieldrine, un puissant insecticide désormais interdit. Chaque firme essaie de placer ses produits. Au Tchad, nous projetons de tester un produit commercialisé par la firme BASF sous le nom de Nomolt® et dont la matière active est le téflubenzuron. Il s’agit d’un inhibiteur de croissance, autrement dit d’un produit qui empêche les insectes de muer. Nous devons donc rechercher des bandes larvaires qui, fort heureusement, sont à l’époque abondantes dans la région de Mao, siège de l’émirat du Kanem. Divers essais sont prévus : au sol en 4x4, par air à l’aide des ULM de la BOMAS, qui a même apporté un autogyre, sans doute plus pour le « fun » que pour son utilité réelle pour nos essais.

Non loin de Mao, bandes larvaires du criquet pèlerin perchées sur des arbustes

et jeune criquet venant d'effectuer sa mue imaginale.

Les étrangers sont inexistants à Mao et nous sommes rapidement invités à dîner par le calife local dans son palais. Ce calife est un chef traditionnel respecté de tous, l’Alifa (le calife) de Mao. Cet homme est sans doute le chef coutumier le plus puissant du Tchad. Nous arrivons en début de nuit. Le palais est en terre, de style soudanien. Nous sommes reçus par le calife et nous nous installons « au frais » sur le toit en terrasse, assis au sol en tailleur sur d’immenses tapis, entourés de serviteurs qui nous apportent l’eau, les serviettes, les plats… Peu de conversation, mais ambiance magique. Le dîner terminé nous prenons congé et retournons au campement, nous laissez tomber sur nos lits de camp, à la belle étoile, par une chaleur étouffante qui ne nous laissera nous endormir que vers 3 ou 4 heures du matin. Puis commencera une nouvelle journée, et de nouvelles expérimentations dans les steppes semi-désertiques qui bordent la ville et sous un soleil écrasant.

Traitement insecticide utilisant un pulvérisateur monté sur le potd'échappement d'un véhicule 4x4

et, à droite, le pilote de la BOMAS de retour d’un traitement aérien réalisé avec un ULM.


Au final, les résultats de ces essais furent très concluants. Le téflubenzuron était un excellent produit pour lutter contre les larves du criquet pèlerin. L’invitation chez le calife du Kanem restera un grand moment de cette aventure.

Un collègue du Cirad dans un essaim de jeunes criquets pèlerins.

Avec l'un des pilotes de la société BOMAS, comparaison de nos bronzages respectifs...

à même la peau ou sur le jeans.




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