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La baguette d'Ayouba


1989, Tamesna, zone désertique du nord Niger. Au milieu des dromadaires, dans les dunes du massif de l'Iguidi, avec mon prospecteur Ayouba, je cherche les criquets pèlerins. Le Schouwia purpurea, une magnifique crucifère et aliment de choix pour le criquet, atteint près d'un mètre de haut et peut parfois dépasser les deux mètres si la pluie a été abondante. Ayouba est un ancien prospecteur de l'OCLALAV* ayant été formé par un éminent spécialiste des criquets, Georges Popov, et ayant a son actif des années de prospection dans ces zones désertiques du nord Niger qu'il connait comme sa poche. Ayouba a parmi ses faits d'armes d'avoir passé une année entière a étudier le criquet pèlerin dans le massif de Termit, perdu au milieu des sables du Ténéré.


Sur cette photo, j'ai à la main un filet entomologique... un instrument de néophyte! Ayouba lui, en vieux briscard, possède l'arme absolue pour le criquet: une baguette. Il s'en sert avec maestria dès qu'un criquet est repéré, approchant lentement en faisant doucement balancer la baguette devant lui, de droite à gauche, pour finir par l'immobiliser au dessus du criquet, hypnotisé, qui se retrouve plaqué au sol sans avoir rien compris. Une technique redoutable et bien plus efficace que mon filet devant lequel les criquets s'enfuient au loin (en riant ?) sans me laisser le moindre espoir de les rattraper.

Dans les dunes interdunes du massif de l'Iguidi, au milieu des domadaires,

avec mon prospecteur Ayouba... sa baguette à la main!

Je suis arrivé au Niger le 16 octobre pour donner 3 semaines de cours à des techniciens supérieurs en protection des végétaux. Depuis le 6 novembre, j'ai quitté Niamey, la capitale, pour Agadez dans le nord, où j'ai retrouvé Ayouba. Cette prospection de la région du Tamesna est destinée à collecter des données de terrain sur le criquet pèlerin dans une zone reputée comme pouvant être un excellent milieu de reproduction et de pullulation de cette espèce. Une aire grégarigène comme l'on dit dans le jargon, autrement dit une aire pouvant favoriser les départs d'invasion de criquets. Donc une zone à surveiller tout particulièrement. En ce mois de novembre 1989, c'est ma première visite. J'y suis retourné par la suite à diverses reprises... n'ayant jamais pu observer que de rares insectes. Le criquet pèlerin se fait souvent désirer et survient quand on l'attend le moins.


Immédiatement après ces 3 semaines de prospection, je traversais le Sahara pour participer à l'Ecole internationale organisée par l'Université Mohamed V sur le thème "Perspectives de recherches biologiques et chimiques dans le cadre de la lutte anti-acridienne".

A gauche, en 1989, Ayouba devant l'arbre de N'Gourene, dans le Tamesna. A droite, entre Taggart et Anes Baraka, également dans le Tamesna, sur un tronc d'arbre fossile (photo prise en 1991, lors d'un autre séjour dans la région).

En voiture dans le Tamesna: de vastes étendues plates et désertiques, une végétation clairsemée... ou absente, parfois un véhicule en panne.

Dromadaires dans les pâturages à Schouwia purpurea.

Paysages du Tamesna. A gauche: quelques ânes au voisinage d'un puit. A droite, l'immensité des champs de dunes de l'Iguidi, non loin d'In Abangharit, un ancien point d'appui de l'OCLALAV pour les traitements contre les criquets.

*OCLALAV: Organisation commune de lutte antiacridienne et de lutte antiaviaire. Voir le post "A famous locust organization of the past".


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