top of page

Monsieur X.

2010, Agadir, Maroc. Comme depuis plusieurs années, j'arrive à l'aéroport d'Agadir pour dispenser quelques cours à des étudiants en agronomie effectuant une spécialisation en "acridologie", c'est-à-dire dans le domaine de la lutte contre les criquets ravageurs. Cette formation est organisée par l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II en collaboration avec le CNLAA, le Centre national de lutte antiacridienne installé à Ait Melloul, non loin du campus de l'institut. Elle accueille des étudiants en provenance de l'ensemble des pays sahéliens et du Maghreb.


Après avoir passé la police et la douane et récupéré ma valise, je sors dans le hall de l'aéroport où m'attend un chauffeur du centre antiacridien. Il m'informe qu'il doit également récupérer un autre collègue français que je connais bien pour avoir effectué avec lui mes études à l'Université d'Orsay 40 ans plus tôt. Je l'ai perdu de vue et nous ne nous sommes croisés qu'une seule fois depuis, à la fin des années 80 lors d'une réunion à Rome, à la FAO*. Une occasion de reprendre contact et d'évoquer, sans doute, quelques souvenirs avec ce monsieur - je l'appellerai Monsieur X - chercheur comme moi et ayant effectué depuis toute sa carrière à Orsay.

Avec mes 3 étudiants de la promotion 2010 en "acridologie".

Je vois de loin le collègue arriver, commence par m'avancer vers lui en lui tendant la main... qu'il évite soigneusement pour ne s'adresser qu'au chauffeur en m'ignorant totalement. Un peu surpris, je reste stoïque et suis le chauffeur qui nous dépose tout deux à notre hôtel. Bonne nuit quand même, mais un peu troublée par cette rencontre glaciale. Le lendemain matin au petit déjeuner, seul dans la salle, je vois le collègue arriver, le visage fermé. Il continue à m'ignorer et va s'installer le plus loin possible de moi. Ayant terminé mon café, je me lève, fais un détour pour le saluer courtoisement... et ne récupère en guise de réponse qu'un vague grognement. Je décide donc d'ignorer totalement le problème, cet odieux Monsieur X, et passe ma semaine de cours tranquillement avec mes étudiants.


J'apprendrai par la suite, lors d'un déjeuner avec mes collègues marocains organisant la formation, que ce Monsieur X avait un "vague reproche" à mon égard et avait vertement protesté auprès de la direction de l'Institut agronomique pour nous avoir fait venir ensemble. La direction de l'Institut, fort gênée par cet incident et par la grossièreté du personnage, a finalement décidé de se passer de ses services. Certains ont vraiment le sens du contact et de la courtoisie !

Devant les locaux de l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II à Agadir.

Avec la promotion 2009 en haut, et 2008 en bas.

Fort heureusement, l'ambiance de travail était excellente. Comme toujours, les collègues marocains qui me recevaient étaient charmants et attentionnés, les étudiants sérieux et motivés. A la fin de la semaine nous prîmes la traditionnelle photo de groupe... qu'une fois rentré en France j'ajoutais à ma collection.


J'eu également l'occasion, en cette année 2010, de visiter les nouveaux et magnifiques bâtiments du Centre antiacridien. Cet organisme est d'ailleurs, dans le domaine de la lutte contre les criquets, un centre modèle pour toute l'Afrique de l'Ouest et apporte fréquemment son assistance aux pays voisins. Il est l'héritier d'une longue tradition commencée avec l'appui de la France il y a fort longtemps puisqu'il a été crée en 1950. J'oublierai donc ce sinistre Monsieur X pour ne garder que la mémoire des grands scientifiques français de l'époque - R. Pasquier, C. Rungs, B. Zolorarevsky et bien d'autres - dont l'empreinte est encore localement très présente.

Les nouveaux locaux du centre de lutte contre les criquets (le CNLAA) à Agadir, et une partie de la flotte de véhicules.

Le hangar de stockage des futs d'insecticides (environ 2 millions de litres dans des conditions de sécurité répondant aux normes européennes). A droite, magasin de stockage d'appareils de pulvérisation.

Le magasinier du CNLAA et son univers: pièces détachées de véhicules, matériel de campement...

* FAO, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.

Mots-clés :

Comments


Featured Posts
Recent Posts
Search By Tags
bottom of page