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Lendemains de 11 septembre


2001, Rome. Quelques jours après les attentats du 11 septembre aux USA, je participe au siège de la FAO* à la réunion du 36ème comité de lutte contre le criquet pèlerin, plus connu sous son sigle anglais de DLCC, le "Desert Locust Control Committee". Les avions étaient peu remplis. Beaucoup de délégations sont absentes, à commencer par celle des USA. Le meeting a lieu comme d'habitude dans la "Malaysia room", au charme tout asiatique. La session est ouverte par M. D. Harcharik, Directeur général adjoint de la FAO. Les présidents (égyptien) et vice-président (pakistanais) de séance sont élus. De mon côté, je me retrouve élu membre du comité de rédaction avec un collègue marocain.


Le DLCC, créé en 1955 par la FAO, regroupe une soixantaine d'états et a pour mission d'orienter et de coordonner les activités relatives aux criquets à l'échelle internationale, en particulier contre le criquet pèlerin. Il suit l'évolution de la situation, coordonne les campagnes de lutte et encourage les actions de prévention dans les domaines de la lutte et de la recherche. Ces réunions ont lieu tous les deux ans. Ce n'est pas ma première participation et j'ai déjà assisté aux sessions de 1990 et 1995.

Siège de la FAO à Rome, via delle Terme di Caracalla.

Comme souvent, lorsque l'actualité criquet est calme, les débats ne sont pas très passionnants, voire un peu mous. On donne un aperçu de la situation, on souligne les faiblesses, on porte l'attention sur l'importance de telle ou telle région, on note que les progrès sont lents, que peu de pays paient régulièrement leurs contributions au Fonds fiduciaire du DLCC... et surtout, on recommande ! On recommande de rester vigilant, de pousuivre les études, de prendre des mesures, de renforcer les effectifs, de réaliser des essais opérationnels... Fort heureusement, quelques exposés sur l'utilisation de la télédétection satellitaire ou encore sur de nouveaux insecticides biologiques viennent rompre la monotonie des séances, d'autant plus calme qu'en cette période post-attentats l'assistance est deux fois moins nombreuse qu'à l'accoutumé.


Cela change, par exemple, de la réunion de 1988, en pleine période d'invasion du criquet pèlerin, où les discussions sur la dieldrine - un insecticide organochloré maintenant interdit - étaient particulièrement animés, et les arguments tous plus féroces les uns que les autres. Ce sera également le cas de la session extraordinaire de 2004 qui, également à la faveur d'une forte invasion en Afrique du Nord et de l’Ouest, se révèlera beaucoup plus fertile que les sessions ordinaires précédentes, avec des débats très nourris, des contributions consistantes et la création d'une dynamique ayant permis de faire progresser le dispositif de prévention.


A gauche, en haut, une vue de la "Malaysia Room", la B227, où se déroulait fréquemment les réunions du DLCC.


En bas, le plan d'orientation pour se repérer dans le labyrinthe de la FAO où tout se ressemble. Je ne compte pas le nombre de fois où, même avec un peu d'expérience, je me suis perdu dans cet immense dédale de 8 étages et de 6 bâtiments.




Mais revenons en 2001. A l'époque, je faisais parti du groupe technique du DLCC, petit comité d'expert chargé d'aborder quelques questions techniques importantes et d'émettre, là aussi, des recommandations. La dernière réunion avait eu lieu en juin 2000, à Rome, et nous avions en particulier abordé le problème de la protection de l'environnement dans le cadre des opérations de lutte contre les criquets, le rôle du GPS dans les opérations de traitement, l'exemple du service australien de lutte contre les criquets et son utilisation - fort prometteuse - d'insecticides biologiques. Au cours de cette 36ème session du DLCC nous résumions, pour les membres, les débâts et nos conclusions.


Et puis, bien sûr, il fut fait état de l'extension du programme EMPRES de la FAO d'amélioration du dispositif de prévention contre le criquet pèlerin au Sahel et au Maghreb. J'avais élaboré la proposition de programme avec quelques collègues dès 1997. Jusque là rien ne s'était passé... ou si peu. Tout le monde soutenait ce programme, à commencer bien sûr par les pays concernés... mais personne n'avait les moyens. Finalement, le DLCC lança un appel pressant aux donateurs pour qu’ils appuient ce programme afin de le rendre pleinement opérationnel. Il faudra encore bien des années avant que cette recommandation ne devienne effective. Ce n'est finalement qu'en 2005, à la suite d'une nouvelle invasion, que les crédits finiront par arriver - parfois, d'ailleurs, en trop grand nombre - et que le programme pourra effectivement prendre son envol.

37ème réunion du DLCC, 22-26 septembre 2003. Remise au CIRAD, par Mme Louise Fresco, directeur général adjoint, d'une médaille émise à l'occasion du cinquantième anniversaire du DLCC.

Médaille commémorative émise par la FAO à l'occasion du 50ème anniversaire du DLCC

(1951-2001).

Au final, ces réunions du DLCC, malgré leur caractère très formel et leur ambiance parfois morose, constituaient un bon dérivatif à mes activités de recherche et me permettaient surtout d'être directement en contact avec tous les responsables nationaux des centres de lutte contre les criquets, ainsi qu'avec tous les pays donateurs, susceptibles de financer, peut-être, quelques travaux de recherche... ce qui fut effectivement plusieurs fois le cas. Largement impliqué dans le programme EMPRES, j'ai continué par la suite à participer régulièrement aux réunions, en 2003, 2004 et 2009. J'ai souvent assumé seul la représentation française, rendant compte en fin de session à la Représentation permanente de la France auprès de la FAO, située Corso del Rinascimento, juste à côté de la fameuse Piazza Navona, la plus grande place touristique de Rome. Les principales conclusions étaient rédigées sous la forme d'un court télégramme diplomatique expédié à Paris et diffusé dans le monde auprès des ambassades françaises concernées. L'exercice était intéressant, et les jeux d'influence et les réunions en aparté souvent fort instructives.


Le planning de tels séjours à Rome était le plus souvent très chargé et me laissait peu de temps libre. Je profitais du week-end pour les visites de la ville et de ses monuments et, le dimanche matin, pour faire un footing selon mon itinéraire habituel allant de l'hôtel Griffo - via del Boscheto, où j'étais devenu un habitué - au Vatican, en passant par le cirque Massimo, les bords du Tibre, la Piazza Navona où je prenais souvent un café, la fontaine de Trevi, la Piazza di Spagna, la Villa Borghese, le palais du Quirinal... avant un retour à l'hôtel Griffo. Rome est décidémment une petite ville où, au long de plus d'une vingtaine de séjours, j'ai souvent déambulé le soir avec des collègues africains à la recherche d'une bonne tratoria.

*FAO: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.

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