Mes bestioles favorites
En plus de 40 années de carrière consacrées aux criquets, de 1969 à 2011 (date à laquelle j'ai quitté le CIRAD*), j'ai travaillé sur beaucoup d'espèces, mais naturellement quelques unes seulement, parmi les plus importantes économiquement dans le monde, on fait l'objet de l'essentiel de mes travaux. Je ne mentionnerai ici que les espèces pour lesquelles j'ai personnellement effectué des recherches de terrain, sans mentionner les travaux de mes nombreux étudiants français ou étrangers ou mes travaux de laboratoire en France.
J'ai commencé mes recherches de terrain sur le criquet migrateur, à Madagascar, dans un premier temps de 1969 à 1975, année où j'ai soutenu ma thèse de doctorat. Puis, après une longue interruption et suite à une nouvelle invasion, de nouveau à Madagascar de 1998 à 2009. Dans le même temps, de 1998 à 2001, je me suis intéressé aux causes des pullulations du criquet migrateur ayant affecté de nombreuses îles d'Indonésie à la suite, en 1997, d'une forte période de sécheresse imputable au phénomène El Nino.
A partir de 1975, j'ai commencé à m'intéresser à l'ensemble de la faune de criquets des régions sahéliennes d'Afrique de l'Ouest et en particulier au criquet sénégalais. Mes travaux de terrain se sont étendus de 1975 à 1977 dans le cadre d'un projet financé par la France, suite à d'importantes pullulations en 1974, sans doute liées, là aussi, à la sécheresse exceptionnelle des années précédentes.
Après une courte période consacrée aux criquets du Nord-Est brésilien en 1985-86, j'ai travaillé sur le criquet pèlerin, sans aucun doute l'espèce ayant la plus grande importance économique dans le monde, de 1988 à 1991.
Puis, à partir de 1992, j'ai initié une série de travaux au Brésil sur le criquet du Mato Grosso, tout d'abord sur la biologie et l'écologie de cette espèce de 1992 à 1996, suivis par toute une série d'essais de terrain d'un insecticide biologique à base d'un champignon pathogène développé par une équipe du Cenargen, à Brasilia, entre 1997 et 2006.
Tout ceci ne m'a pas empêché, parfois, de m'intéresser à des espèces protégées, menacées de disparition et classées sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Ce fut le cas en particulier avec le criquet rhodanien, en France, que l'on ne rencontre que dans la plaine de la Crau, au voisinage de Marseille, dans les zones de végétation de "coussou", et qui est très menacé par les divers aménagements et la fragmentation de ses habitats. Ou encore avec Poekilocerus bufonius hieroglyphicus (Klug, 1832), une espèce commune au Sahel, sans intérêt économique, mais pour laquelle j'ai eu l'occasion de pouvoir réaliser quelques observations originales sur son cycle biologique.
Le criquet migrateur, Locusta migratoria (Linnaeus, 1758), mâle grégaire, 1999, région de Majunga, Madagascar. A voir la différence avec les individus de phase solitaire (ci-dessous), on comprend que l'on ai jusqu'au début du 20ème siècle, considéré ces individus comme appartenant à deux espèces différentes : Locusta danica (Linnaeus, 1767) pour les individus de phase solitaire, et Locusta migratoria (Linnaeus, 1758) pour les individus grégaires observés pendant les périodes d'invasion.
A gauche, Locusta migratoria (Linnaeus, 1758), le criquet migrateur; accouplement de deux individus de phase solitaire photographiés au voisinage de l'abbaye de Maguelone, sur le littoral non loin de Montpellier (France). A droite, Oedaleus senegalensis (Krauss, 1877), le criquet sénégalais (photographié dans la région d'El Obeid, au Soudan)
A gauche, le criquet pèlerin, Schistocerca gregaria (Forskål, 1775), la fameuse 8ème plaie d'Egypte de la Bible, photographié ici dans le Tamesna, zone désertique du nord du Niger. A droite: Rhammatocerus schistocercoides (Rehn, 1906), le criquet du Mato Grosso que l'on trouve également en Colombie et au Vénézuela (photo réalisée au Mato Grosso, sur la Chapada dos Parecis).
Nomadacris septemfasciata (Serville, 1838), le criquet rouge, photographié dans la région de Betioky-Sud, à Madagascar (à gauche).
Le criquet rhodanien, Prionotropis rhodanica Uvarov, 1923 (Photo A. Foucart, 1998, plaine de la Crau, Bouches-du-Rhône, France) (ci-dessous).
Poekilocerus bufonius hieroglyphicus (Klug, 1832) photographié le 28 janvier 1991 dans la région d'In Abangharit, dans la zone désertique du nord Niger (18°11'069-6°0'626).
* CIRAD, Centre de coopération internationale en recherche agronomique poiur le développement.
Commenti