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Sous la tente khaïma

Février 2001, sous une tente khaïma, à Nouakchott, en Mauritanie, je dîne avec quelques collègues africains. La khaïma - tente blanche décorée à l'intérieur d'un patchwork - est la tente traditionnelle utilisée par les nomades dans les zones désertiques et arides de la Mauritanie et du Maroc. Ces tentes sont l'indispensable abri des gens du désert, un lieu de convivialité, de repos, d'échange et le symbole de l'hospitalité nomade.

Sous une tente khaïma, je dîne avec quelques collègues africains. Au menu, méchoui et couscous mauritanien (de gauche à droite: Thami Benhalima secrétaire exécutif de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin en Afrique du Nord-Ouest, Hafedh Hamdi de Tunisie, Abderrahmane Hafraoui de la FAO).

Je suis là comme consultant de la FAO* dans le cadre de la préparation du programme EMPRES de lutte contre le criquet pèlerin pour la région dite occidentale regroupant tous les pays du Sahel et du Maghreb: Mauritanie, Sénégal, Mali, Niger, Tchad, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye. Je suis accompagné d'un collègue algérien, Bachir Chara, consultant FAO également, qui a participé avec moi à la formulation du programme qui vise, comme j'ai déjà eu l'occasion de le raconter, au renforcement des capacités nationales et régionales de lutte préventive contre cet insecte ravageur majeur qu'est le criquet pèlerin. La FAO a donc organisé du 10 au 15 février 2001 à Nouakchott, un atelier pour l’élaboration du schéma de planification du programme et du plan d’opérations d'une phase 1 de quatre ans allant jusqu'à décembre 2004. Outre les représentants des pays concernés, on trouve le chef du groupe acridien de la FAO, Abderrahmane Hafraoui, et divers experts FAO, le Président et le Secrétaire exécutif de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin en Afrique du Nord-Ouest, ainsi que divers bailleurs de fonds : USA, France, Allemagne et Banque islamique de développement (BID).

Sous la tente : à gauche, Thami Benhalima, Saïd Ghaout directeur du Centre national de lutte contre les criquets au Maroc et Hafedh Hamdi.

Je rappelle pour mémoire que, dès 1997, j'ai contribué à la formulation de ce vaste programme international. Je l'ai présenté pour discussion auprès des diverses parties prenantes en 1998 et, en 1999, j'ai participé activement à la restructuration des organismes régionaux de lutte contre les criquets et à la création de la CLCPRO, la Commission de lutte contre le criquet pèlerin en région occidentale, un nouvel organisme régional de lutte préventive qui verra le jour en 2002. Cet atelier se situe donc dans la prolongation de toutes ces actions et l'année 2001 marque, en théorie, le démarage du projet. Un seul problème... les fonds ne sont pas là. Or il s'agit quand même d'un projet dont le coût global est de 24 millions de dollars, dont près de 9 millions sont demandés aux donateurs, les fameux partenaires au développement. Mais enfin, trop content d'avoir pu réussir à faire accepter le programme par tous les partenaires africains et à fédérer tous les pays concernés au sein de ce nouvel organisme régional qu'est la CLCPRO, la FAO décide de lancer les activités sans doute afin d'entretenir et de consolider la dynamique régionale créée. Les fonds suivront peut être... ou pas.

A gauche, en discussion avec Annie Monard de la FAO et Jean Philippe Dufour, chargé de mission au ministère français des Affaires Etrangères; en bas à gauche, Christian Pantenius de la FAO. A droite, je déguste du lait caillé coupé d'eau, légèrement sucré et battu, présenté dans une calebasse que l'on se passe de main en main.

Après introduction du programme de l’atelier, je présente les grandes lignes de la conception du programme EMPRES pour la région occidentale. Je rappelle que le document de programme est le résultat d'une large consultation régionale, qu'un premier document a été révisé par les représentants techniques des pays et les bailleurs de fonds au cours d’un atelier tenu à Nouakchott en mars 1998, puis approuvé par les Etats concernés. Je souligne également l'intérêt de la création récente de la CLCPRO pour la bonne réalisation du programme EMPRES et la coordination de ses activités à l'échelle de la région occidentale. Je mets enfin l'accent sur les éléments devant assurer la durabilité des activités après l'arrêt des financements internationaux (s'ils arrivent enfin!) et comment les Etats devraient couvrir les coûts de la lutte préventive sur le long terme.

A gauche, divers collègues mauritaniens du ministère de l'agriculture. A droite, la "bande des quatre": de gauche à droite, Mohamed Abdallahi Ould Babah, directeur du Centre de lutte antiacridienne de Mauritanie, puis Brahim Idrissa Djibrine, Mahatan Cheferou et Moussa Sissoko, respectivement directeurs de la protection des végétaux du Tchad, du Niger et du Mali, les principaux pays bénéficiaires du programme EMPRES car appartenant à la "ligne de front", autrement dit à la zone renfermant les aires d'origine des invasions de criquets pèlerins.

La modération de l’atelier est ensuite assurée par un collègue marocain, Brahim Hafidi, avec qui je rédigerai le rapport pour la FAO. Séance de travail après séance de travail - et en adoptant la méthode de planification par objectif ayant permis une large participation de tous - les activités du programme sont peu à peu définies et planifiées pour les 4 années à venir. Les tâches sont clairement décrites et les responsabilités - Etats ou CLCPRO - identifiés. Tout semble donc aller pour le mieux. En réalité, le projet va fonctionner à minima sur fonds FAO pendant 4 années. Il s'agira plus d'un exercice de style destiné à maintenir la motivation des partenaires, et ce n'est que suite à une nouvelle invasion en 2003-2004 que les financements finiront par arriver et que le programme EMPRES pourra enfin véritablement commencer ses activités... en 2006. Tout vient à point à qui sait attendre, mais si les états africains commençaient à trouver le temps long, c'était également le cas de ma direction au CIRAD qui désespérait d'avoir des retombées un peu plus significatives que quelques missions d'expertise. Au final, ce n'est qu'à partir de 2006-2007 que je commencerai à avoir des retombées en terme de programmes de recherche et développement pour mon unité. Il m'aura fallu au total près de 10 années de persévérance!


Avec Brahim Hafidi, j'assure l'animation de l'atelier

en utilisant la méthode de planification par objectif.

A gauche, sur le marché de Nouakchott, des marchandes de bijoux. A droite, au voisinage de la ville, un dispositif pour tenter de fixer les dunes.

* FAO, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.

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