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Tourisme ? Non, voyage d'étude !

Juillet 1990. La très importante invasion de criquets pèlerins des années 1987-88 en Afrique venait de se terminer. Elle avait permis de relancer les recherches sur les criquets. L'argent affluait. Mon directeur d'unité au CIRAD roulait en Porche et noeud papillon. Par mimétisme, son adjoint administratif fit de même. L'effectif de l'unité passa de 4 à plus de 20 personnes. On recruta plus de secrétaires que de chercheurs. On continua comme à l'habitude à jouer les apparences. Et l'on organisa ces fameux "voyages d'étude" au Brésil pour l'ensemble de l'unité… 10 personnes dans le sud, 10 personnes dans le Nordeste. Je pris la tête de cette deuxième "expédition" qui, à partir de Récife, nous fit faire un grand tour du périmètre de la sécheresse, passant par Caruaru et Petrolina dans l'état du Pernambuco, São Raimundo Nonato, Floriano et Teresina dans le Piauí, Sobral, Canindé et Fortaleza dans le Ceara, Mossoró et Natal dans le Rio Grande do Norte... et bien d'autres lieux plus touristiques les uns que les autres.

Figurines en terre cuite représentant des deux héros populaires du Nord-Est du Brésil, Lampião et Maria Bonita, deux célèbres cangaçeiros, bandits ayant sévit, dans les années 1920 et 1930, dans le Nordeste du Brésil, région aride, difficile à cultiver et où les rapports sociaux sont particulièrement durs et les inégalités plus criantes qu'ailleurs... même si cela semble général au Brésil.



Mais ce voyage était un voyage d'étude! J'avais avec moi 3 chercheurs, deux ingénieurs, une secrétaire, une assistante de direction, une traductrice brésilienne… et nous étions accompagné par plusieurs collègues brésiliens dont Ivo Pierozzi avec qui j'allais travailler de 1992 à 1996 - d'une façon d'ailleurs très productive - sur le criquet du Mato Grosso. En tout environ 16 personnes, un petit bus, et une consigne de nos collègues brésiliens... en cas d'attaque du bus, restez calmes, ne faites rien, on s'occupe de tout. Belle entrée en matière !


C'est ainsi que nous visitâmes à Récife l'institut de recherche agronomique du Pernambuco et l'université fédérale rurale. Dans la région de Petrolina, nous fûmes reçu au CPATSA, le centre de recherche sur la zone tropicale semi-aride du Brésil où j'avais travaillé 5 ans plus tôt. Nous visitâmes également deux fazendas viticoles, Milanao et Ouro Verde. Arrivés à Sobral nous eûmes droit à la visite du centre national de recherche sur les caprins à la fazenda Três Lagoas. Non loin de Fortaleza, à Pacajus, ce fut le centre national de recherche sur le caju, et à Campina Grande le centre de recherche sur le coton. Pour un voyage d'étude ce fut un voyage d'étude! Pas grand chose à voir avec les criquets ? Mais si ! Notre périple était entrecoupé d'arrêts en pleine campagne pour capturer quelques-uns de ces insectes Orthoptères. Bien mal leur en pris, d'ailleurs, de se trouver sur notre route, car loin d'atteindre à la célébrité, ces criquets finirent en France dans des boîtes dont personne ne s'occupa, sans doute avec raison car ces échantillons n'avaient guère d'intérêt étant pour la plupart constitués de criquets très communs collectés le long des routes. Ces captures avaient tout l'air d'un prétexte.


A gauche, une autre représentation de Lampião à la fondation Joaquim Nabuco, à Récife et un dessin représentant quelques figures emblématiques du sertao du Nordeste: jaguar, cangaçeiros, cactées... et le soleil ardent desséchant le paysage.



En réalité, le tourisme fut la dominante de cette tournée de 3000 km dans le Nordeste brésilien. C'est ainsi qu'il nous fut donné de visiter le jardin zoologique Dois Irmãos et la très intéressante fondation Joaquim Nabuco à Récife, Caruaru et son célèbre marché aux potiers, le barrage de Paulo Afonso sur le fleuve São Francisco, Canudos dans l'état de Bahia où se déroula une guerre célèbre à la fin du XIXe siècle relatée par Euclides da Cunha dans Os Sertões, le Musée de l'homme américain à São Raimundo Nonato et le parc national de la serra da Capivara et ses nombreux vestiges préhistoriques. A São Raimundo Nonato nous rencontrâmes Niède Guidon, une très célèbre archéologue brésilienne qui nous exposa ses recherches sur la présence de l'homme en Amérique du sud et les vestiges fort anciens retrouvés dans le Piauí. Ses découvertes suggéraient que le peuplement des Amériques avait eu lieu beaucoup plus tôt qu'on ne le croyait d'ordinaire, certains indices de présence trouvés sur le site de Pedra Furada dans la serra da Capivara remontant à 58.000 ans!


Nous continuâmes par la visite du parc des Sete Cidades (les "Sept cités") au relief ruiniforme lui ayant valu son nom, et la Serra da Ipiapaba entre Teresina et Sobral. Nous passâmes à Canindé, ville de pèlerinage où j'avais, en 1986, acheté une crèche en plâtre polychrome que je sors encore de temps à autre pour les fêtes de Noël. Après Teresina, ce fut Mossoró, ses thermes et ses multiples piscines aux eaux progressivement de plus en plus chaudes, puis les célèbres plages paradisiaques de sable blanc d'Areia Branca et Natal où nous passâmes une soirée dans une boîte de nuit avec danseuses de lambada. Enfin, retour sur Récife et visite d'Olinda, patrimoine culturel brésilien avec ses nombreuses églises baroques et sa végétation tropicale luxuriante. Pour un voyage d'étude, ce fut un sacré voyage d'étude!

Olinda: église des Carmes (à gauche) et monastère Saint Benoit (à droite).

Eglise de la Miséricorde à Olinda.

A Olinda: vieille rue et vue sur Récife depuis les sommets de la ville.

A la fondation Joaquim Nabuco, quelques objets typiques du Nordeste: poteries à droite, et à gauche divers objets de culte du candomblé - religion au mélange de catholicisme, de rites indigènes et de croyances africaines - et costumes de ses divinités, les orixás.

A gauche, la plage à Récife. A droite, le barrage sur le São Francisco à Paulo Afonso.

A droite: à Caruaru qui accueille un célèbre marché chanté par Luiz Gonzaga et inscrit au patrimoine culturel immatériel du Brésil. On y trouve de nombreuses figurines en terre cuite peinte typique du Nordeste (Lampião et Maria Bonita, Os retirantes, Bumba meu boi et bien d'autres).

A gauche: quelque part, attentif, dans l'une des nombreuses institutions visitées.

Vue de Petrolina et au loin la ville de Juazeiro, dans l'état de Bahia, séparée de Petrolina par le rio São Francisco. A droite, soirée dansante avec un trio nordestin, orchestre typique du Nordeste.

A la fazenda viticole Milano, dans la région de Petrolina: préparation des boîtes et empaquetage du raisin.

A la fazenda viticole Ouro Verde, dans la région de Petrolina.

Le parc des Sete Cidades, entre Teresina et Sobral. A droite, le célèbre trou du solstice entouré de nombreuses légendes.

Le relief tourmenté du parc des Sete Cidades. Certains blocs ressemblent à des animaux, tel la pierre de la tortue (à droite), d'autres ressemblent à des personnages, comme la tête de l'empereur Dom Pedro, ou celle d'un des Rois Mages.

Marchand de sculptures en pierre à savon (la stéatite, composée de talc), à São Raimundo Nonato. A droite, peintures rupestres sur le site de Pedra Furada, dans la Serra de Capivara, l’un des plus grands trésors archéologiques du monde avec 30000 inscriptions préhistoriques dont certaines ont plus de 60000 ans.

Restaurant flottant à Floriano, à gauche. A droite quelque part dans le Nordeste, j'admire l'artisanat local de récupération de vieux pneus.

A Areia Branca, la plage, les pêcheurs et et de jeunes baigneuses.

A l'hôtel des thermes de Mossoró, où je mets en valeur mon "bronzage agricole".

Itinéraire de mon "voyage d'étude" au Brésil en 1990.












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