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Le béret

2009, Antalya, Turquie. J'assiste, du 21 au 25 juin, au 10ème Congrès international sur les Orthoptères, sponsorisé par l’Université d’Akdeniz à Antalya et le Cirad, et organisé par la Société internationale des Orthoptéristes. Au cours du dîner de gala, je passe la présidence de la société, que j'assume depuis 2005, à Maria Marta Cigliano, une collègue d'Argentine. Tradition oblige, lors du précédent congrès au Canada, j'avais reçu un chapeau de la police montée en signe d'autorité sur la Société. Cette fois c'est à moi de remettre à mon successeur un autre type de chapeau: un béret bien français acheté chez Alfred, "Grand chapelier" à Montpellier, et orné d'un splendide criquet-broche provenant d'un bijoutier parisien.

Lors du diner de gala, je remets le chapeau traditionnel à Maria Marta Cigliano, qui me succède à la présidence de la Société des Orthoptéristes.

Criquets, grillons, sauterelles, phasmes, mantes et autres blattes, tous ces insectes dont certains pullulent sur bien des continents ont fait l'objet des débats durant ce congrès qui a regroupé près de deux cent participants. De mon côté, c'est bien sûr plus particulièrement aux criquets que je me suis intéressé. Ces insectes - mon sujet de recherche depuis 1968 - constituent une préoccupation majeure dans de nombreux pays du monde où les pullulations sont fréquentes. A l'époque de ce congrès, au cours des dix dernières années, les criquets migrateurs, pèlerins, nomades et autres… ont infesté régulièrement Madagascar, l’Australie, la Chine, le Pérou, le Kazakhstan et de nombreux pays d’Afrique. La dernière grande invasion est alors celle du criquet pèlerin en Afrique de l’Ouest en 2004. C'est la tache de mon unité au CIRAD de conduire des recherches sur le comportement de ces espèces afin de proposer des stratégies de lutte efficaces.

Le 25 juin, j'ai organisé un symposium intitulé « Lutte intégrée contre les criquets : les alternatives aux insecticides chimiques sont-elles crédibles ? » où il a été question de moyens de lutte plus respectueux de l'environnement, les biopesticides à base de champignons entomopathogènes "tueurs d'insectes", d'une part, et des phéromones, signaux chimiques de communication entre insectes pouvant être utilisées pour perturber leur comportement, d'autre part. Plusieurs de ces produits ont été mis au point et, en Afrique, c'est le cas du "Green Muscle" - le muscle vert - à base de spores du champignon entomopathogène Metarhizium acridum souche IMI 330189. J'insiste sur le numéro, car il est fort probable que j'ai été fortuitement à l'origine de la découverte de cette souche en 1988, alors que j'effectuais des cours à Niamey, au Niger.


Durant le congrès: remise du prix du meilleur poster étudiant et l'une de mes interventions durant le symposium que j'ai organisé sur la lutte intégrée contre les criquets ("Les alternatives aux insecticides chimiques sont-elles crédibles ?").

Voici la manière dont les choses se sont passées. Lors d'une sortie sur le terrain avec mes étudiants, au voisinage du centre ICRISAT de Sadoré, proche de Niamey, je suis tombé sur un site où de très nombreux criquets de l'espèce Ornithacris turbida (Finot, 1907), étaient morts accrochés un peu partout dans les arbustes. La situation observée était typique d'une épizootie et je prélevais donc des échantillons que j'expédiais, une fois rentré en France, à deux laboratoires européens susceptibles d'identifier l'agent pathogène responsable. Et puis... plus rien. Je n'entendis plus parler de mes échantillons! Ce n'étais d'ailleurs pas ma préoccupation du moment, ni celle de mes collègues au CIRAD qui ne croyaient pas beaucoup dans la lutte biologique. En fait, j'appris bien plus tard que quatre champignons, deux bactéries et une levure furent isolés des cadavres ramassés. Parmi les champignons, une souche de Metarhizium flavoviride (actuellement M. acridum), qui fut enregistrée sous le numéro IMI 330189 à l’Institut international de mycologie. Cette souche fit l’objet de multiples tests et se révéla avoir une pathogénicité très élevée pour de nombreuses espèces de criquets. Quelques années plus tard, un projet international - le projet LUBILOSA (pour LUtte BIologique contre les LOcustes et SAuteriaux) - mit au point ce fameux Green Muscle dont la souche provenait des échantillons de criquets que j'avais collectés. Malgré de nombreuses prospections et des centaines d'isolats testés, les chercheurs de LUBILOSA ne purent jamais trouver de souche plus efficace que "la mienne".

Durant le congrès, avec Laurence, mon assistante de direction. Et, à droite, visite de Side et quelques pas de danse dans la rue avec Battal Cyplak, organisateur du congrès.

Actuellement, environ 30 ans après ma trouvaille et 20 ans après la mise au point d'un produit commercial, ces mycopesticides ne sont que très peu utilisés. C'est surtout le cas en Chine et en Australie, mais partout ailleurs, et en particulier en Afrique, leur usage est quasi nul. Ces produits sont en effet plus délicats à mettre en oeuvre que les insecticides chimiques; ils agissent beaucoup plus lentement et sont sensibles à la température, d'où les difficultés pour les faire passer en pratique. Les recherches entreprises pendant plus de deux décennies pour mettre au point ces mycopesticides aurait-elles été conduites en vain ? En cas d'échec, qui devrait porter le béret... pardon, le chapeau ?

Cocktail de bienvenue dans les ruines de la cité antique de Side, non loin d'Antalya.

A Side, en bordure de mer, le temple d'Apollon où un spectacle fut donné après le diner.

Dans le hall d'accueil, première journée du congrès (Christiane et Jacqueline en bas à droite).

En fin de congrès, dîner de gala à Antalya. Battal me remet un trophée commémoratif.

Après le congrès, début de notre séjour touristique dans les ruines de la vieille cité antique de Termessos, à 34 km d'Antalya.

Coffres funéraires dans les ruines de Termessos. Christiane et Jacqueline avec le vigile du poste de surveillance anti-incendie, trop heureux d'avoir des visiteurs dans cet endroit perdu dans les montagnes.

Depuis le château, vue sur la baie d'Alanya à 166 km à l'est d'Antalya. Encore plus à l'est, la citadelle d'Anamur.

A Aydincik, à 325 km à l'est d’Antalya: Christiane avec Mamut, son épouse et sa fille... 40 ans après un premier séjour dans la région. A droite, visite de la région avec notre hôte local, Mustapha Yalciner, grâce à qui nous avons pu découvrir Aydincik et son arrière pays.

Le théatre antique d'Aspendos, à 40km à l'est d'Antalya. La côte au niveau du site antique de Phaselis, à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Antalya.

A Simena, enfants sur le ponton d'où nous avons embarqué pour une visite des sites archéologiques engloutis de l'île de Kekova (où l'on peut observer les vestiges partiellement immergés de l'ancienne cité d'Apollonia, partiellement détruite par un tremblement de terre durant le IIe siècle apr. J.-C.). A droite, un tombeau lycien.

A Simena, Christiane et Jacqueline avec le pêcheur qui nous a fait effectuer la visite des sites archéologiques engloutis d'Apollonia.

Le théâtre antique de Kas (190km au sud-ouest d'Antalya).

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