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Le chant du cygne

1990, janvier. Je suis au Niger pour les réunions du Conseil des experts et du Conseil des Ministres de l'OCLALAV, l'organisme sahélien chargé de la lutte contre le criquet pèlerin. Réunions pour examiner la situation de ce criquet, les aspects formation et recherche, la situation financière.... désastreuse (car les états membres ne payent pas leurs contributions), et dresser un bilan des aides extérieures. Une réunion bien terne. Quel contraste avec les réunions animées auxquelles je participerai quelques années plus tard pour la restructuration du dispositif de lutte préventive contre ce criquet. En fait, l'OCLALAV, en difficultés depuis des années, aurait dû être dissoute en 1987. J'étais à l'époque à Niamey, donnant des cours au centre AGHRYMET à de futurs agents des services de protection des végétaux, lorsque je reçu un message m'annonçant cette dissolution.


Mais au même moment une importante invasion de criquets pèlerins commença à ravager une grande partie de l'Afrique. Cette invasion dura toute l'année 1988 et ne fut stoppée - ou plutôt ne cessa - que début 1989. Devant la situation de crise, l'OCLALAV échappa a son sort et continua ses activités de lutte contre le criquet pèlerin, revitalisée par l'afflux d'argent en provenance de divers donateurs. Mais l'invasion passée la situation de l'organisation continua à se dégrader. Après de longues discussions, une autre organisation fut crée en remplacement, en 2001, la CLCPRO, rassemblant cette fois les pays du Sahel et ceux du Maghreb. Chaque pays créa son propre centre de lutte contre le criquet pèlerin. L'OCLALAV devenait dès lors parfaitement inutile. Cependant, un lustre plus tard, elle était toujours là... personne n'ayant trouvé, ou voulu trouver, les fonds nécessaires pour engager la procédure de dissolution. Il faut en effet réunir le conseil des ministres de l'organisation, rassemblant tous les ministres de l'agriculture des 10 pays membres qui seuls peuvent décider de la dissolution. Tout cela coûte cher. Et puis les sahéliens étaient fiers de leur organisation.


Pendant des années l'organisation survécu tant bien que mal, sans véritable rôle. Un directeur et quelques fonctionnaires subsistaient à Dakar et vendaient de temps à autres des biens ou quelques terrains en fonction des besoins en liquidités. L'OCLALAV était représentée en 1998, en Mauritanie, lorsque je présentais mon projet de programme EMPRES de revitalisation du dispositif de lutte préventive contre le criquet pèlerin élaboré pour la FAO. En fait, l'invitation avait été de pure politesse car personne n'attendait plus rien de cette organisation obsolète et moribonde. Mon dernier contact avec elle se passa en 2007 à Dakar à l'occasion d'une réunion internationale organisée par le Président Wade suite à une nouvelle invasion de criquets. Le directeur de l'OCLALAV était là, déclarant d'une manière véhémente que tout cela ne serait pas arrivé si son organisation avait eu les moyens nécessaires. Un pathétique chant du cygne!

En marge du comité des experts de l'OCLALAV, en 1990. En discussion avec un collègue africain, je présente le premier exemplaire de la collection Acridologie Opérationnelle dédié aux principaux criquets du Sahel et éditée par le CIRAD.

En 1990, avec un collègue du Ministère des affaires étrangères, durant les débats du Conseil des experts de l'OCLALAV à Niamey.

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